Le monde brûle ; et la littérature — du moins la façon dont les occidentaux l’ont majoritairement pratiquée et conçue durant l’époque moderne — se retrouve, parmi bien d’autres, sur le banc des accusés : ne nous aurait-t-elle pas encouragés à nous détourner du milieu dans lequel nous sommes plongés au profit de la seule réalité du texte ? N’a-t-elle pas, en outre, négligé si longtemps les autres qu’humains qu’il n’est pas si étonnant que nous ayons pu nous croire seuls au monde ? Est-elle bien équipée ne serait-ce que pour représenter la crise environnementale actuelle ? Et de toute manière (soyons honnête), que peut un récit, un mot, face à la fonte des glaces, la disparition des espèces et le réchauffement climatique ?
Dans les rangs de la défense, on plaide au contraire sa cause : qui, mieux qu’elle, pour éveiller nos consciences et raviver nos sensibilités endommagées à l’égard du monde qui nous entoure ? Pour incarner et donner du sens aux froides données scientifiques ? Pour nous donner accès à d’autres cultures de la nature, pour imaginer des présents aussi bien que des futurs alternatifs, moins toxiques et plus soutenables ?
Marie Cazaban-Mazerolles est maîtresse de conférences en littératures comparées à l’Université de Paris 8. Après avoir consacré une thèse au développement d’une poétique narrative anti-anthropocentrique dans le sillage de la révolution darwinienne (2018), ses recherches portent désormais plus particulièrement sur l’articulation théorique et pratique entre la littérature et les discours, savoirs et représentations de l’écologie et de l’éthologie.
Organisé par Séverine Abiker et Cyrielle Dodet
Avec le soutien du groupe de recherche pluridisciplinaire Textes, Contextes, Frontières