Soutenance de thèse de Morgane Lebreton

Publié le 9 décembre 2020

Morgane LEBRETON, doctorante au sein du laboratoire BTSB de l'INU Champollion, soutiendra sa thèse vendredi 18 décembre 2020 en vue de l’obtention du doctorat de l'Université de Toulouse. Ses travaux portent sur : "Caractérisation des effets d'un anxiolytique (oxazépam) sur le cycle de vie d'un gastéropode d'eau douce, Radix balthica.".

Thèse sous la direction des Pr. Florence Géret et Dr. Elsa Bonnafé

Résumé :

La contamination environnementale par les médicaments est une préoccupation majeure de ces dernières décennies. Les antibiotiques et les hormones ont été au cœur de l’attention mais certaines familles de médicaments ne font encore l’objet que de très peu d’études. C’est notamment le cas des psychotropes, et particulièrement des anxiolytiques. L’oxazépam, médicament fréquemment utilisé dans le traitement de l’anxiété et métabolite de nombreuses benzodiazépines, est l’un des psychotropes les plus fréquemment détectés dans les eaux de surface. Cette molécule a fait l’objet depuis quelques années, de plusieurs études écotoxicologiques qui se sont essentiellement focalisées sur les perturbations du comportement chez le poisson. Cependant, très peu d’études se sont encore intéressées à ses effets sur les invertébrés aquatiques. Ainsi, cette thèse à pour objectif d’évaluer l’impact de doses environnementales d’oxazépam sur le cycle de vie d’un gastéropode d’eau douce ubiquitaire en Europe, Radix balthica. Nous nous sommes demandé si, et comment l’oxazépam affectait trois étapes clés de la vie de l’organisme : la reproduction, le développement embryonnaire et la croissance, en couplant des approches physiologiques, comportementales et moléculaires. Ce travail se présente donc en trois volets, correspondant aux trois étapes du cycle de vie (reproduction, développement embryonnaire et croissance). Pour chacun des trois volets, des expérimentations ont été menées en exposants les organismes à des doses d’oxazépam maximales mesurées en sortie d’effluents (10 µg/L) et en rivière (0,8 µg/L). Plusieurs paramètres physiologiques (e.g. état de l’appareil reproducteur, fertilité, taux d’éclosion, croissance, prise alimentaire) et comportementaux (e.g. interactions sociales, locomotion) ont été analysés pour répondre aux questions posées. Les parties axées sur l’embryogénèse et la croissance ont fait l’objet d’une analyse transcriptomique afin d’obtenir des informations sur les potentiels mécanismes de toxicité impliqués au niveau moléculaire. Au stade adulte, l’oxazépam affecte la reproduction en augmentant la densité de spermatozoïdes à forte dose (10 µg/L) et diminue la quantité d’œufs par ponte à faible dose (0,8 µg/L). Une diminution de l’activité locomotrice a également été observée pour les deux concentrations d’oxazépam testées. Les études menées sur le stade embryonnaire ont montré une variabilité inter-population importante qui ne permet pas de conclure sur de potentiels effets de l’oxazépam. Enfin, en ce qui concerne le stade juvénile, les résultats ont montré un effet important de l’oxazépam sur la prise alimentaire, avec un effet stimulant à faible concentration et inhibiteur à forte concentration. Il a également été montré une réduction de la mortalité après exposition à la plus faible dose d’oxazépam. L’analyse transcriptomique ciblée a permis de mettre en évidence une sous-expression globale de gènes impliqués dans la transmission nerveuse et liés à différentes fonctions comme le comportement alimentaire, la croissance, la locomotion ou encore la chémoréception. L’ensemble de ces résultats nous permet d’enrichir les connaissances toxicologiques quant aux effet de l’oxazépam sur un invertébré aquatique.